Je rencontrais une ecriture qui crevait la surface protectrice de la vie pour toucher l'ame, le corps qui souffre ce qu'un etre humain ne doit pas souffrir. Les mots peuvent dire ce qu'il est a peine supportable de voir, et de concevoir. Et ils peuvent ramener l'amour que Charlotte Delbo avait eu pour toutes celles, ceux qu'elle avait vu souffrir. La lucidite, la capacite de dire et d'ecrire etait la. Une langue pouvait rendre ce qui avait eu lieu. Le trou que faisait dans notre humanite la catastrophe d'Auschwitz, un ecrivain me donnait le moyen de le raccommoder avec une oeuvre qui en faisait le recit. Elle avait cherche la beaute de la langue dans le terrible des mots ciseles en arretes coupantes. Elle les disait avec la douceur qui prend quand l'au-dela de la douleur est atteint.Elle l'ecrivait des annees plus tard, ouvrait les images restees, elle interrogeait avec liberte les souvenirs au moment ou elle les ecrivait, elle decouvrait la vie retrouvee . G. D.collection litteraire dirigee par Martine Saada